La tradition est une force puissante à Wimbledon, le plus ancien tournoi de tennis du monde. Les matchs sont disputés sur de l’herbe bien tondue, les balles sont de marque Slazenger, les spectateurs se délectent de fraises à la crème, et le code vestimentaire strict exige que les joueurs portent du blanc.
Les sous-vêtements de couleur autorisés pour les joueuses
Mais cette année, le tournoi a fait un pas significatif en autorisant les joueuses à porter de la lingerie de couleur, détrônant une règle séculaire et faisant place à une nouvelle ère de progressisme.
Depuis 1963, les règles strictes de Wimbledon stipulaient que les joueurs devaient être vêtus « presque entièrement de blanc ». Mais cette règle a été source de controverse, notamment en ce qui concerne les tenues féminines. Les joueuses se sont régulièrement heurtées à la « loi blanche » de Wimbledon, qui leur imposait de porter une lingerie blanche, mettant à mal leur confort et leur confiance pendant leurs performances.
Le changement, arrivé après de nombreuses années de protestations et de débats, permettra désormais aux joueuses de porter de la lingerie de couleur, une initiative accueillie avec un soulagement évident par les compétitrices. Des joueuses ont ouvertement exprimé les défis liés à la gestion de leurs périodes menstruelles dans le cadre du code vestimentaire restrictif de Wimbledon.
La biélorusse Victoria Azarenka a été la première à briser la règle, entrant sur le court avec de la lingerie verte foncé lors de son match contre la chinoise Yuan. Ce geste audacieux et sans précédent a signalé une évolution majeure dans l’approche du tournoi le plus prestigieux du tennis mondial envers les joueuses et les problématiques féminines.
La légende du tennis Billie Jean King, fervente défenseure des droits des femmes dans le sport, ainsi que Judy Murray, mère du célèbre joueur de tennis professionnel Andy Murray, se sont prononcées en faveur du récent changement de règles vestimentaires à Wimbledon. King a souligné l’importance de cette décision lors d’une interview avec CNN en 2022 : « Nous nous sommes toujours préoccupées du fait que nous devions porter du blanc. Et c’est ce que vous portez en dessous qui est important pendant votre cycle menstruel. »
La modification de cette règle, bien qu’apparemment mineure, est un grand pas en avant pour la communauté du tennis féminin. Elle met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les sportives pendant leur cycle menstruel et souligne l’importance d’assurer leur confort pendant les compétitions de haut niveau. Comme l’a déclaré Coco Gauff, ce changement « va beaucoup soulager le stress pour moi et les autres filles dans le vestiaire ».
Certains voient cette évolution avec un œil critique. La finaliste de 2022, Ons Jabeur, a émis des réserves, affirmant que ce changement pourrait involontairement signaler quand une joueuse a ses règles, une information personnelle qu’elle pourrait préférer garder privée.
Bien que les opinions soient divisées, il est indéniable que cette évolution marque une étape importante dans la reconnaissance des besoins spécifiques des sportives. Ce changement, certes tardif, s’inscrit dans la modernisation de Wimbledon, qui est connu pour sa réticence à rompre avec la tradition.